Chronologie des violences urbaines

Années 1980

Depuis le début des années 1980, les violences urbaines sont récurrentes en France

1979, à Vaulx-en-Velin. C'est à cette occasion qu'ont lieu les premiers affrontements entre les forces de l'ordre et des groupes. Ce sont également les premières voitures brûlées.

1981 dans la cité des Minguettes à Vénissieux, toujours dans la banlieue lyonnaise, connaissent la première couverture médiatique de grande ampleur et entraînent une certaine confusion entre révolte sociale et délinquance crapuleuse. Gaston Defferre, alors ministre de l'intérieur, préconise une réponse policière ferme.

mars 1983, aux Minguettes, de nouveaux affrontements ont lieu avec la police. Dénonçant le laxisme du gouvernement, le Front national remporte son premier succès électoral aux élections municipales de septembre.

3 décembre 1983, la marche pour l'égalité et contre le racisme, partie de Marseille le 15 octobre, arrive à Paris. Elle est présentée comme un acte fondateur, apportant une place positive aux jeunes issus de l'immigration dans la société française. La société française espère avoir ainsi trouvé une réponse au problème des émeutes urbaines.

Années 1990

6 octobre 1990 après la mort du passager d'une moto, qui s'était renversée à hauteur d'un barrage de police, de nouvelles émeutes éclatent à Vaulx-en-Velin. Des affrontements ont lieu avec la police, des incendies sont déclenchés et le centre commercial est pillé. Les médias font immédiatement le rapprochement avec les événements de 1981, pour constater que le « problème des banlieues » n'est toujours pas réglé.

Depuis le début des années 1990, le rap français connaît un succès grandissant, en dénonçant la situation dans les cités, et un racisme supposé des forces de l'ordre et, plus généralement, de la population française. Ainsi en 1998, le groupe de rap NTM écrit dans « Odeurs de soufre' » : « …qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ? Juste d'être un peu plus nombreux… » et accuse le gouvernement de passivité face aux problèmes des banlieues. Auparavant, en 1995, dans leur titre « Qu'est-ce qu'on attend » (album : « Paris Sous Les Bombes »), NTM dit : « qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu, allons à l'Élysée brûler les vieux, les vieilles, faut bien qu'un jour qu'ils payent, le psychopathe qui est en moi se réveille… il est temps qu'on y pense, il est temps que la France daigne prendre conscience de toutes ses offenses… ».

Ce climat de tension grandissant apparaît au cinéma dans La Haine de Mathieu Kassovitz en 1995, puis dans Ma 6-T va crack-er de Jean-François Richet en 1997.

novembre 1997, dans la nuit du 2 au 3, de violentes émeutes éclantent dans le quartier de La Duchère à Lyon ; quatre 4 personnes trouvent la mort dans les événements.

13 décembre 1998, un jeune banlieusard, Habib Ould Mohamed dit Pipo, meurt des suites d'une bavure, lors d'un flagrant délit de vol de voiture, à Toulouse. S'ensuivent de violents affrontement des émeutiers avec les CRS.

Années 2000

* février 1999, un pompier est gravement blessé à Vénissieux par l’explosion d'une voiture incendiée ;

* en décembre, à Montauban une émeute éclate après la mort d'un cambrioleur abattu par le propriétaire des lieux ;

* 12 juillet 2000, à Montbéliard, après l'arrestation d'un braqueur de banque de 25 ans. Puis, le 3 mars 2003, la ZUP de Valdegour à Nîmes connaît elle aussi des émeutes après la mort d'un cambrioleur, qui tentait d'échapper aux gendarmes. L'incendie de voiture est devenu une « tradition » du nouvel an dans certaines villes de France depuis le début des années 2000, surtout dans l'Est (Strasbourg) ;

* 25 décembre 2003, centre pénitencière du Pontet, près d'Avignon : un jeune majeur de 18 ans, Sofiane Lamari, et retrouvé mort, pendu dans une cellule du mitard. Emprisonné depuis quelques semaines pour une histoire de viol collectif dans une cave d'une cité sensible d'Avignon (cité Monclar), sa famille et ses amis réfutent la thèse du suicide et crient au meurtre. Les cités d'Avignon s'embrasent, des violences urbaines éclatent, 70 CRS sont alors appelés en renfort.
La campagne de l'élection présidentielle de 2002 est fortement axée sur la sécurité, le problème des banlieues est remis à l'ordre du jour, et le 21 avril 2002, le candidat du Front National, Jean-Marie Le Pen obtient plus de votes que Lionel Jospin et se hisse au second tour des élections présidentielles qui sera remporté par Jacques Chirac avec une écrasante majorité (82 %). Le durcissement de la législation paraît résorber le malaise.

Alors que dans les années 1995, l'immobilier était dans un creux de vague, l'immobilier est fin 2005 à son plus haut niveau, ce qui détériore surtout le pouvoir d'achat des plus petites ressources, bien que les cités étant des HLM, la hausse est plus faible pour leurs habitants.

De fait, l'absence dans certains quartiers de moyens de développement, exacerbée par le mode de financement lié à la répartition des charges et des ressources fiscales par les impôts locaux collectés par les communes (à qui l'État n'a cessé de confier de plus en plus de charge) n'a fait que dégrader l'intégration à la ville des quartiers difficiles en une vingtaine d'années.

Le phénomène de la violence dans les banlieues françaises n'a fait que grandir, en même temps que l'insécurité internationale et les conflits d'ordre politico-religieux qui font naître la crainte de l'autre, avec une défiance de l'autorité (sous toutes ses formes) et des institutions socio-éducatives, au point que cette défiance a acquis un aspect presque culturel.

Lors des dix premiers mois de 2005 en France, plus de 28 000 véhicules ont été incendiés, surtout dans l'une des 750 zones urbaines « sensibles » (à statut spécial).

20 juin 2005, un enfant est tué par une balle perdue lors d'une fusillade entre deux bandes rivales à la Cité des 4 000 à La Courneuve. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, déclare lors de son déplacement sur place vouloir « nettoyer la cité au Kärcher ». Le 25 octobre, lors d'un déplacement à Argenteuil, Nicolas Sarkozy utilise le mot « racaille » reprenant le terme utilisé par une femme du quartier à laquelle il s'adressait. Ces deux épisodes sont ressentis par les habitants des quartiers sensibles comme une insulte, l'impression que l'on assimile tous les habitants aux quelques délinquants et criminels.

27 octobre 2005 - ? , Émeutes dans les banlieues françaises

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