Lexique
17 mots pour comprendre la justice des mineurs
1. Admonestation
2. Administrateur ad hoc
3. Commis d'office
4. Contrôle judiciaire
5. Détention provisoire
6. Dispense de peine
7. Foyer d'action éducative
8. Liberté surveillée
9. Parquet
10. Placement
11. Plainte
12. Quartier spécial
13. Sanction éducative
14. Siège
15. Sursis
16. Travail d'intérêt général
17. Victime
1. Admonestation
Mesure éducative consistant en un avertissement prononcé par
le juge des enfants en audience de cabinet (dans son bureau) : il s'agit de
faire prendre conscience au jeune délinquant de l'illégalité de
son acte, afin d'éviter qu'il ne récidive.
2. Administrateur ad hoc
En cas de conflit d'intérêt entre un jeune et ses parents, une
personne digne de confiance, appelée, un "administrateur ad hoc",
peut être désigné par le juge pour défendre les
intérêts du jeune et se constituer partie civile au procès
pénal pour obtenir réparation.
3. Commis d’office
Un avocat est "commis d'office", lorsqu'il est désigné par
le Bâtonnier de l'ordre des avocats (le représentant des avocats)
pour défendre un mineur.
4. Contrôle judiciaire
Mesure prononcée par le juge d'instruction, le juge des enfants ou le
juge des libertés et de la détention à l'encontre d'un
mineur, mis en examen, le contraignant à respecter certaines interdictions
ou obligations : interdiction de se rendre dans un endroit précis, interdiction
de rencontrer telle ou telle personne, obligation de suivre une formation ou
une scolarité, obligation de se présenter régulièrement
au commissariat.
Si ces obligations ou interdictions ne sont pas respectées, le juge
des libertés et de la détention peut ordonner la mise en détention
provisoire.
5. Détention provisoire
Placement en prison d'un mineur soupçonné d'avoir commis un crime
ou un délit avant son jugement. Cette mesure ne peut être prononcée
qu'à titre exceptionnel, à des conditions strictes et seulement à l'égard
de certains mineurs âgés d'au moins 13 ans.
6. Dispense de peine
Possibilité pour une juridiction, ayant déclaré un mineur
coupable, de ne pas prononcer une sanction pénale, lorsqu'il est réinséré ou
que le dommage causé est réparé.
7. Foyer d’action éducative
Etablissement prenant en charge des jeunes en danger ou délinquants
lorsque le mineur est retiré de son milieu familial habituel. Ils sont
chargés de l'hébergement du jeune et de son suivi éducatif.
8. Liberté surveillée
Mesure éducative consistant à placer un mineur délinquant,
laissé en liberté, sous la surveillance et le contrôle
d'un éducateur.
Elle peut être prononcée :
* avant le jugement par le juge des enfants, le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention : c'est la liberté surveillée préjudicielle ;
* ou en accompagnement d'une mesure éducative du juge des enfants, du tribunal pour enfants ou de la cour d'assises des mineurs ;
* ou en accompagnement d'une peine prononcée par le tribunal pour enfants ou la cour d'assises des mineurs.
9. Parquet
Ensemble des magistrats chargés de décider de l'opportunité des
poursuites, de déclencher et diriger l'action publique et de réclamer
l'application de la Loi au nom de la société. Par extension,
se dit du service de la Cour d'appel dirigé par le procureur général
et du service du tribunal de grande instance dirigé par le procureur
de la République.
10. Placement
Mesure ordonnée par le juge consistant à placer un mineur délinquant
ou un mineur en danger dont les conditions d'éducation sont gravement
compromises, dans un établissement spécialisé relevant
du secteur public ou privé.
11. Plainte
Acte par lequel une personne, qui estime être victime d'une infraction,
porte l'infraction à la connaissance du procureur de la République,
directement ou par l'intermédiaire des services de police ou de la gendarmerie.
12. Quartier spécial
Endroit dans un établissement pénitentiaire où les mineurs
condamnés à une peine d'emprisonnement sont incarcérés,
séparés des détenus majeurs.
13. Sanction éducative
Sanction à but pédagogique, qui peut être prononcée à l'encontre
des mineurs délinquants de 10 à 18 ans. si le mineur ne respecte
pas les obligations qui lui sont imposées, le tribunal pour enfants
pourra le placer dans un établissement.
Cette sanction peut être :
* la confiscation de l'objet détenu ou appartenant au mineur qui lui a servi à commettre l'infraction oui qui est le produit de l'infraction ;
* l'interdiction d'aller dans les lieux où l'infraction a été commise ;
* l'interdiction de rencontrer la victime de l'infraction ;
* l'interdiction de fréquenter les co-auteurs ou complices de l'infraction ;
* l'obligation d'effectuer une mesure d'aide ou de réparation ;
* l'obligation de suivre un stage de formation civique.
La durée de la sanction
ne pourra excéder
un an |
14. Siège (juge
du ou magistrat du)
Désigne les magistrats qui tranchent les conflits qui leurs sont soumis
par opposition aux magistrats du parquet qui réclament l'application
de la loi.
15. Sursis
Une juridiction pénale condamnant à une peine d'emprisonnement
ou d'amende peut dispenser d'exécuter la peine en tout ou en partie.
Le sursis peut être :
* simple : dispense d'exécuter la peine prononcée
* probatoire (ou avec mise à l'épreuve) : dispense d'exécuter la peine prononcée à condition que le condamné, placé sous contrôle d'un juge de l'application des peines, satisfasse à certaines obligations (ex : rembourser la victime, suivre un traitement, ...).
16. Travail d'intérêt
général
Mesure prononcée à l'encontre d'un mineur de plus de 16 ans en
cas de crime ou de délit, sous réserve de son accord, consistant à effectuer
un travail non rémunéré au profit d'une collectivité publique
ou d'une association habilitée. (ex : travaux de jardinage).
Elle peut être prononcée à titre principal, ou comme obligation
d'un sursis avec mise à l'épreuve.
La durée du travail est comprise entre 40 et 240 heures.
17. Victime
C'est une personne qui subit personnellement un préjudice, par opposition à celui
qui le cause : l'auteur.
http://www.justice.gouv.fr/publicat/justmineh.htm
RACAILLE
La définition du petit Larousse
RACAILLE n.f. (de l'anc. fr. rasquer, du lat. radere, racler). Péjor. 1. Vieilli. Couche la plus basse de la société, considérée comme la plus méprisable ; populace. 2. Ensemble d'individus méprisables.
La définition du Nouveau petit Robert
RACAILLE [Rakaj] n. f. - rascaille 1138 ; de rasquer (cf. a. provenç. rascar) ; lat. pop. °rasicare « racler, gratter », class. radere 1. vieilli Populace méprisable. =» canaille, lie, plèbe, 1. tourbe. «Ce n'est plus le peuple, mais la racaille» (Gide). 2. mod. Ensemble de fripouilles. «Si l'on mettait toute cette racaille en prison, [...] les honnêtes gens pourraient respirer* (Camus).
La définition du site Lexilogos
RACAILLE, subst. fém. Péj. Partie du peuple la plus pauvre, considérée comme la plus méprisable. Synon. canaille, populace. C'est le bouleversement de tout; la racaille va maintenant à la cour... Les seigneurs sont confondus parmi les va-nu-pieds (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 196). Qu'ai-je côtoyé de plus repoussant que ce quartier de ville bâti (...). La racaille n'émergeait de ces profondeurs spongieuses que pour s'injurier d'une voix usée et sans colère véritable (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 537). P. ext. [S'emploie pour désigner de façon très méprisante un ensemble d'individus] Synon. crapule (vieilli), fripouille (vieilli). La racaille bourgeoise, révolutionnaire. C'est Masson (...) qui amène toute cette petite racaille académique! (GONCOURT, Journal, 1887, p. 641). Les notaires? D'la racaille! Des mecs qui prennent cent sous pour vous écrire deux lignes... (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 94). Il leur fallait quelqu'un à qui s'en prendre, quelqu'un qu'on pourrait haïr sans danger (...) ceux qu'on appelait les dissidents, les réfractaires, les patriotes ou simplement les jeunes... la résistance, ce ramassis de vauriens, cette racaille, ces bandits, la résistance, que le diable l'emporte! (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 410).
Racaille
La définition de racaille varie selon les dictionnaires, ayant pour
certains un sens économique, "partie du peuple la plus pauvre" ou "couche
la plus basse de la population", alors qu'une autre définition
renvoie plutôt au côté délinquance, "ensemble
d'individus méprisables". Ce terme est donc connoté péjorativement.
Sommaire
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* 1 Une étymologie ambiguë
* 2 Un terme péjoratif mais peu qualifiant
* 3 La racaille au cœur d’une polémique
* 4 Voir aussi
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Une étymologie ambiguë
L’étymologie du terme racaille n’est pas clairement définie. Pour Auguste Brachet la terminologie s’appuie sur le diminutif du radical rac qui est d’origine germanique (racker en allemand pour désigner un équarrisseur) et dont on trouve une trace dans le vieil anglais rack utilisé pour désigner un chien1. Racaille serait un mot formé sur le même principe que canaille qui dérive indirectement du latin canis (chien) et que l’on propose souvent en synonyme. Pour Albert Dauzat, ce serait une forme normano-picarde qui aurait la même racine que l’ancien français rasche ou rache (teigne) du latin vulgarisé rasicare (gratter). Ainsi trouverait-on une trace de ce terme dans le provençal rascar (racler) ou raca (rosse, chien), et même dans la bible sous la forme raca (Mathieu, 5, 22 : « Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca ! mérite d'être puni par le sanhédrin » ) où il tient lieu d’insulte .
Racaille n’a donc pas une étymologie basée sur l’italien
Razza, qui a donné race en français, bien que certaines utilisations
de ce terme entretiennent volontairement ou accidentellement une confusion
sur l’identité du groupe qu’il stigmatise. Si on fait abstraction
de la similitude phonétique entre race et racaille, le problème
de la portée reste entier car les définitions que l’on
donne du mot racaille nous renseignent peu, voir pas du tout, sur les individus
qu’il entend qualifier.
1. Notons cependant que l'anglais rascal provient directement du racaille francais.
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Un terme péjoratif mais peu qualifiant
Guy Patin dans ses lettres (Lettres, tome II, p. 93), La Fontaine dans ses fables (Fables, IV, 6) ou encore Voltaire dans ses épigrammes (Epigrammes, 95) utilisent le terme pour désigner une grande diversité d’individus (respectivement un laquais, un chapon et des rats, la bourgeoisie). Remarquons qu’il ne faut guère s’étonner de voir la bourgeoisie affublée du terme de racaille, elle le sera plus tard encore sous la plume des frères Goncourt (Journal, 1887, p. 641), de Benjamin (Gaspard, 1915, p. 94), de Gustave Flaubert (Par les champs et par les grèves, 1910, p. 18), etc. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que le vocable semble se radicaliser pour finalement qualifier le rebut de la société, ce qu’il y a de plus vil (Larousse du XIXe siècle), la populace méprisable, un ensemble de fripouilles (Le Petit Robert), la partie la plus vile de la populace (Littré). La fin du XIXe siècle et le XXe siècle s’inscrivent dans cette continuité. De grands auteurs tels que Emile Zola (L'Assommoir, 1877, p. 788), Alphonse Daudet (Tartarin de Tarascon, 1902, P. 145), François Coppée (Oeuvres Complètes, 1909, p. 133) ou Saint-Exupéry (Citadelle, 1944, p. 537) utilisent ce vocable.
François Rastier (in Les critères linguistiques pour l’identification des textes racistes — Eléments de synthèse, Inalco, pp. 84-98) note une occurrence importante du terme racaille dans les discours de Jean-Marie Le Pen, président du Front National.
Ainsi banalisé, le terme opère un glissement sémantique qui fait que le terme racaille prend figure d’auberge espagnole : on y met ce qu’on entend y trouver. La racaille devient un mot fourre-tout que le phantasme peut manipuler aisément, il devient instrument des pulsions de mort et du rejet de l’autre.
* Phantasme de celui qui renomme avant d’avoir recours à la violence pour déshumaniser ses victimes. Le fait n’est pas nouveau et déjà Elsa Triolet écrit en 1944 dans un recueil de nouvelles sur la Résistance :
« Il leur fallait quelqu'un à qui s'en prendre, quelqu'un qu'on pourrait haïr sans danger (...) ceux qu'on appelait les dissidents, les réfractaires, les patriotes ou simplement les jeunes... la résistance, ce ramassis de vauriens, cette racaille, ces bandits, la résistance, que le diable l'emporte! »
(in Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, p. 410). Une fois l’ennemi déshumanisé, le poids de la culpabilité se fait moins lourd.
* Phantasme encore de celui qui s’auto-proclame racaille, ou caillera
en verlan, terme toujours aussi flou qui vise plutôt à qualifier
une attitude aux contours mal définis. Soit qu’il s’agisse
d’une héroïsation par les connotations viriles et en marge
de la délinquance, soit qu’il s’agisse d’une revendication à l’appartenance
d’un méta-gang, soit une valorisation de sa marginalisation par
la dérision ou la provocation ("Le blues des racailles", album
de Tonton David, 1991).
* Enfin, la racaille peut-être aussi le recours lexical de celui qui
ne peut nommer un agresseur autrement, soit par peur de représailles,
soit parce que la ou les personnes n’ont pas été reconnues.
C’est l’utilisation qu’en fait Albert Camus dans La Peste
:
« Grand avait même assisté à une scène curieuse chez la marchande de tabac. Au milieu d'une conversation animée, celle-ci avait parlé d'une arrestation récente qui avait fait du bruit à Alger. Il s'agissait d'un employé de commerce qui avait tué un Arabe sur une plage. «Si l'on mettait toute cette racaille en prison, avait dit la marchande, les honnêtes gens pourraient respirer.» Mais elle avait dû s'interrompre devant l'agitation subite de Cottard qui s'était jeté hors de la boutique sans un mot d'excuse. »
(La Peste, 1947, pp. 56-57). Dans ce cas le mot est utilisé comme exutoire de ses propres peurs dont la cause reste indéterminée.
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La racaille au cœur d’une polémique
Le terme a gagné un regain d’intérêt à la suite des déclarations de Nicolas Sarkozy, le mardi 25 octobre 2005, alors qu’il s’exprimait en tant que ministre de l’intérieur et à la suite d'échauffourées à Argenteuil (Val-d'Oise). Le ministre a dit, répondant à une habitante de la cité qui aurait employé la première ce vocable (d’après l’émission télévisée Arrêt sur images du 6 novembre 2005) : « vous voulez qu’on vous débarrasse de ces racailles ? Eh bien on va vous en débarrasser ». Cette phrase a soulevé une vive polémique en France, certains observateurs considèrent même qu’elle aurait participé (avec l’utilisation concomitante de l’expression « nettoyer les cités au Kärcher » et l’électrocution de jeunes gens poursuivis par la police) à l’embrasement des banlieues du 1er au 14 novembre 2005. Le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances Azouz Begag dénoncera la "sémantique guerrière, imprécise" du ministre de l'Intérieur dès le 1er novembre. D’autres voix, la plupart anonymes et interrogées par les journalistes, s’élèvent contre cette censure du terme racaille jugée apte à exprimer leur exaspération envers ceux qui utilisent la violence et multiplient les « incivilités » (dégradation de mobilier urbain, taggage, incendies de poubelles ou de voitures, « caillassage » des représentants de l'État et des forces de l'ordre, etc). Enfin, le 12 décembre 2005, le président de la république Jacques Chirac fait connaître par voie de presse son sentiment sur la terminologie racaille et clôt le débat de manière péremptoire :
« En politique, le choix des mots est évidemment essentiel. Je l'ai dit, en France, tous les citoyens sont les filles et les fils de la République. Il n'y a pas de catégorie de Français. Il n'y a que des citoyens libres et égaux en droit. Et quand une personne commet un délit ou un crime, c'est un délinquant ou c'est un criminel. C'est la loi qui le dit. Ce sont ces termes qu'il faut employer. C'est cela la République. »
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Voir aussi
* Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises
* La racaille une chanson d'Emma Daumas.
* Racaille Blues' est un manga de Masanori Morita.
* Cantique de la racaille est un livre de Vincent Ravalec ISBN 2290305537
IMMIGRATION
Dom. : immigration.
Déf. : Phénomène désignant des mouvements de population
d'un territoire vers un autre. Somme théorique, à un moment donné,
des flux d'immigrés et des "stocks" de personnes immigrés
depuis un temps déterminé sur le territoire.
Note : La notion de "population issue de l'immigration" est d'un
emploi aussi courant que délicat. On peut cependant considérer
que près d'un cinquième de la population de nationalité française
résidant en France est "issue de l'immigration" depuis un
sciècle.
Voir aussi : immigré, migration.
IMMIGRE
Dom. : immigration.
Déf. : Personne née étrangère à l'étranger
et entrée en France en cette qualité en vue de s'établir
sur le territoire français de façon durable.
Note : Un immigré a pu, au cours de son séjour en France, acquérir
la nationalité française.
Voir aussi : immigration.
http://www.social.gouv.fr/htm/modedemploi/vocab.htm#MIGRATION
Accroissement migratoire Différence, au cours d'une année ou d'une période, entre l'immigration et l'émigration. Etranger Personne ayant déclaré une nationalité autre que la nationalité française. Immigré Personne née étrangère à l'étranger, et résidant en France. Une personne ayant acquis la nationalité française depuis son arrivée en France est donc toujours comptée comme immigrée. Inversement, une personne née française à l'étranger n'est pas un immigré. Néanmoins, il est d'usage de compter les rapatriés d'Algérie et des anciennes colonies dans le solde migratoire. |
Migratory Growth Difference, during a year or a given period, between immigration and emigration.
Immigrant A person born as a foreigner abroad and residing in the country. In France, for example, a person who has acquired French nationality since arriving in France is therefore always counted as an immigrant. Inversely, a person born as a French national abroad is not an immigrant. Nevertheless, repatriates from Algeria and the former colonies are usually counted in the immigration balance. |
http://www.ined.fr/population-en-chiffres/lexique/index.html
Immigré
Immigrant
Définition
Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l'Intégration, un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. À l'inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Les populations étrangère et immigrée ne se confondent pas totalement : un immigré n'est pas nécessairement étranger et réciproquement, certains étrangers sont nés en France (essentiellement des mineurs). La qualité d'immigré est permanente : un individu continue à appartenir à la population immigrée même s'il devient français par acquisition. C'est le pays de naissance, et non la nationalité à la naissance, qui définit l'origine géographique d'un immigré.
Solde migratoire
Migration balance
Définition
Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours de l'année. Ce concept est indépendant de la nationalité.
http://www.insee.fr/fr/nom_def_met/definitions/html/accueil.htm
18 mots pour comprendre
Ce que dit l'islam
1. Calife
2. Charia
3. Chiisme
4. Coran
5. Dar al-islam
6. Fatwa
7. Frères Musulmans
8. Hégire
9. Islamisme
10. Jihad
11. Mahomet
12. Musulman
13. Ouléma
14. Oumma
15. Saladin
16. Salafiya
17. Sunnisme
18. Wahhabisme
1. Calife
De khalifa, « successeur, représentant ». Mahomet étant mort brusquement sans laisser d'enfant mâle ni d'héritier désigné, des membres de sa tribu prennent successivement la tête de la communauté. Appelé aussi « émir des croyants », « guide » (ou «imam », chez les chiites), le calife exerce à la fois le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Les conflits de succession sont à l'origine de nombreux schismes et guerres intestines. Pour la majorité sunnite, le siège du califat est à Damas avec la dynastie Omeyyades, puis à Bagdad avec les Abbassides, au Caire avec les Mamelouks. Il échoit enfin aux Ottomans, pour être finalement aboli, en 1924, par Mustafa Kemal, fondateur de la Turquie moderne. Le monde sunnite a connu depuis de nombreuses tentatives de rétablissement du califat. La guerre déclenchée par Ben Laden est la dernière en date.
2. Charia
En arabe « voie à suivre ». C'est la Loi islamique, ensemble de règles religieuses et sociales auxquelles doit se soumettre tout musulman. Elle repose principalement sur le Coran. Elle comprend deux catégories de prescriptions : les ibadat, relatives au culte, et les mu'amalat, qui touchent à la vie sociale. La première catégorie comprend les cinq « piliers » de l'islam (la confession de foi, la prière, l'aumône légale, le jeûne et le pèlerinage à La Mecque). La seconde concerne les délits et crimes, le droit privé, comme le mariage ou l'héritage, ainsi que les interdits alimentaires.
Un autre texte fonde également la Loi : ce sont les hadith (voir Mahomet). Ils constituent ce qu'on appelle la sunna, ou la tradition du prophète.
3. Chiisme En arabe shî'a, « parti », sous-entendu d'Ali, cousin et gendre de Mahomet, dont le destin tragique (il fut assassiné ainsi que ses deux fils) a fait du chiisme un mouvement contestataire animé du culte du martyre. Ses adeptes (10% des musulmans) ne reconnaissent la légitimité du pouvoir qu'aux seuls descendants d'Ali, les imams, des guides infaillibles, auxquels on doit obéissance. Ils préfèrent d'ailleurs la notion d'imamat à celle de califat. Le clivage avec les sunnites reste une des clés du monde musulman contemporain. Le chiisme se divise en deux écoles : les duodécimains, qui vénèrent douze imams (et attendent le retour de l'« imam caché » censé instaurer la justice sur terre), et les ismaéliens, qui en reconnaissent sept. Ils sont majoritaires en Iran, seul pays, où le chiisme soit religion d'Etat. |
17. Sunnisme De sunna, « norme, tradition ». Majoritaires dans le monde musulman (90 %), se présentant comme « orthodoxes », les sunnites s'opposent aux chiites par l'importance accordée à la oumma et à sa tradition, la sunna, qui complète le Coran comme fondement de la Loi. Loin de l'utopie passionnée et mystique, qui caractérise le chiisme, les sunnites s'en tiennent à la lettre des textes sacrés et évitent d'en rechercher le sens caché. Ils n'ont pas de clergé, mais leurs savants, les oulémas, ont élaboré de nombreuses écoles juridiques, qui précisent non ce qu'il faut croire mais la manière d'appliquer le rite. En matière sociale, ils privilégient une attitude conservatrice : il faut, par exemple, obéir à tout chef, même impie, et condamner tout ferment de désordre interne. |
18. Wahhabisme Mouvement politico-religieux, introduit par le réformateur piétiste Mohamad ibn Abd el-Wahab (1703-1792), il se fonde sur le principe du Dieu unique, dont il faut appliquer à la lettre les prescriptions révélées. Les wahhabites se distinguent par leur rigorisme, ils condamnent la musique, la poésie, le tabac, le rire, etc. Ces « puritains » voulaient un Etat sunnite fondé sur un islam rénové débarrassé des pratiques jugées non orthodoxes du soufisme. La rencontre avec Ibn Saoud permet de réaliser cet idéal en 1744. Toute la vie politique et sociale de l'Arabie Saoudite en est encore empreinte. |
4. Coran
De qur'an, « récitation ». C'est le livre sacré des révélations « dictées en arabe » à Mahomet au cours des vingt-deux dernières années de sa vie. Le prophète ne sachant ni lire ni écrire, ce sont ses disciples qui mettent par écrit ses 114 chapitres ou sourates, et quelque 6 000 versets. A la fois somme théologique, recueil de dogmes, code juridique et social, traité de morale et manuel de savoir-vivre, le Coran décrit le paradis et l'enfer, insiste sur la miséricorde du Dieu unique, mais aussi sur le châtiment réservé aux peuples désobéissants. D'autres sourates contiennent des prescriptions très minutieuses du culte, des règles de vie et de bienséance. Le Coran étant la parole même de Dieu, il est « inimitable », et sa traduction a longtemps été considérée comme sacrilège.
5. Dâr al-islâm
Littéralement « demeure ou territoire de l'islam » sur lequel règne la Loi. Il s'oppose au dâr al-harb, « territoire de la guerre », c'est-à-dire le monde des non-musulmans, dès lors soumis à la menace de la guerre sainte, le jihad.
6. Fatwa
A l'origine, dans le droit islamique,
une fatwa est un avis juridique émis
par un jurisconsulte chargé d'exprimer l'opinion conforme aux sources
de la Loi. Mais l'absence d'un clergé établi chez les sunnites
(dont font partie les talibans et les Saoudiens) autorise n'importe quel théologien à proclamer
ses propres fatwas. Un groupe armé s'arroge ainsi le droit de prononcer
des sentences de mort, comme dans l'exemple célèbre de la fatwa
lancée en 1989 par l'ayatollah Khomeini contre l'auteur des « Versets
sataniques » Salman Rushdie. Et plus récemment celle de Ben Laden
contre les Etats-Unis.
Sources : « Dictionnaire historique de l'islam », par Dominique
et Janine Sourdel (PUF). « Encyclopédie des religions »,
par Frédéric Lenoir et Ysé Tardan-Masquelier (Bayard).
« L'Islam », par Paul Balta (coll. « Idées reçues »,
Ed. du Cavalier bleu).
7. Frères musulmans
Mouvement politico-religieux, la matrice des groupes islamistes actuels. Créé en Egypte en 1928 par un instituteur, Hassan al-Banna, c'est d'abord une sorte de confrérie soucieuse de répandre l'instruction religieuse et une entreprise d'aide aux défavorisés. Elle devient rapidement un mouvement politique que prolongent des organisations sociales (de femmes, d'étudiants, syndicats...). Leur slogan : « Le Coran est notre Constitution ». Antibritanniques, anticommunistes, les Frères musulmans combattent les influences occidentales et cherchent à établir un Etat islamique. A terme, il s'agit de restaurer le califat. Al-Banna est assassiné en 1949, l'organisation est un temps interdite en Egypte, mais elle essaime, malgré la répression, vers le Moyen-Orient et le Maghreb.
8. Hégire
De hijra, « expatriation ». Mahomet quitte en 622 La Mecque pour l'oasis plus accueillante de Yathrib. Cette émigration annonce la création du premier Etat islamique, celui de Médine, ainsi que la conquête de La Mecque, car elle permet à Mahomet de jouer son rôle de chef politique et militaire. Il montre la voie à tout prétendant politique ou réformateur religieux qui cherche à fonder un Etat conquérant. Choisi comme point de départ du nouveau calendrier, l'hégire marque le début de l'ère musulmane. Pour les fondamentalistes, il représente l'âge d'or à retrouver.
9. Islamisme
Idéologie de l'islam radical, militant, qui assigne à la religion des fins politiques. Ces activistes ont forgé un néologisme, islamiyyun, pour se distinguer de la masse des muslimun, dont ils se veulent l'avant-garde. Leur intention est de s'emparer du pouvoir à tout prix afin de fonder une société islamique. Ils prônent le jihad, tant à l'intérieur, contre les « mauvais » musulmans et les gouvernants corrompus, qu'à l'extérieur, contre les valeurs occidentales. Issu du mouvement des Frères musulmans (1928), ravivé par la révolution des ayatollahs iraniens de 1979, l'intégrisme musulman moderne a pour slogan « L'islam, c'est la solution ».
10. Jihad
Littéralement « effort de guerre ». Le mot est au coeur de toutes les controverses. Pour les uns, le jihad est d'abord interne, c'est le combat du croyant contre ses mauvais penchants. Pour les autres, c'est la « guerre sainte » ou « guerre légale » prescrite par la Loi, destinée à défendre l'islam contre un danger et à le propager. Les moudjahidin, « combattants du jihad », attaquent les peuples ou les Etats jugés coupables de malveillance ou simplement d'ingérence dans les affaires de l'islam. Les intégristes l'ont élevé au rang de sixième pilier de l'islam.
11. Mahomet
Muhammad signifie en arabe « le loué ». Né en 570, à La Mecque, mort en 632, il est le fondateur historique de l'islam. Dans une Arabie polythéiste, il se proclame l'Envoyé (rasoul) du Dieu unique, qui lui dicte le Coran, et le dernier des prophètes (nabi) après ceux du monde judéo-chrétien. Il est à la fois le chef de guerre qui impose la nouvelle religion à ses compatriotes, mène les premières conquêtes, et le législateur qui dirige la première oumma. Sa vie, telle qu'elle est rapportée dans les hadith, est un exemple à imiter pour les musulmans de toute obédience.
12. Musulman
De muslim, celui qui a accepté l'islâm, c'est-à-dire la « soumission à Dieu ». L'islam est la troisième grande religion monothéiste, révélée au prophète Mahomet entre 610 et 632. Il compte à ce jour près de 1 milliard de fidèles dans le monde. Le plus grand pays musulman est l'Indonésie (85% sur 210 millions d'habitants), suivi du Pakistan. Avec les pays d'Asie centrale, l'Islam dit « de la périphérie » est devenu majoritaire par rapport au « centre historique » arabe. En Europe occidentale, on estime à 15 millions les musulmans immigrés et 5 millions aux Etats-Unis.
13. Ouléma
« Savant, spécialiste en sciences religieuses ». Chez les chiites, ils sont appelés mollahs. Docteurs de la Loi et de la Doctrine, ils sont consultés par les cadi, les agents de l'autorité. Mais leurs avis n'ont pas de valeur contraignante jusqu'au XIe siècle. Vers cette époque, un clan de chefs turcs, les Seljoukides, conquiert le pouvoir à Bagdad. Affaibli, le calife abbasside confère aux Seljoukides le titre de sultan. Les docteurs se déclarent alors seuls dépositaires de la Loi. Les Ottomans réorganisent l'ensemble des autorités religieuses et établissent une hiérarchie de muftis, juristes à qui l'on demandait des avis ou fatwas. Ce corps est aboli en même temps que le califat, en 1924. Dans le monde chiite, les mollahs sont au contraire devenus des piliers du régime iranien.
14. Oumma
L'oumma est la communauté des croyants voulue par Mahomet afin de transcender les appartenances tribales de l'Arabie médiévale au profit d'une société fondée sur la seule religion. Plus près de nous, les notions d'Etat, de nation ou de démocratie se marient mal avec cette conception unitaire de l'islam. C'est en son nom que les musulmans du monde entier se mobilisent en faveur des Palestiniens ou des Kosovars. Les membres de l'oumma se doivent assistance : nourrir l'affamé, soigner le malade, aider le sans-abri... Mise à mal par l'évolution des sociétés modernes, la solidarité communautaire a été ravivée par les islamistes qui ont fondé leur légitimité sur l'organisation de réseaux d'entraide, de santé, d'éducation voire d'emploi destinés aux déshérités.
15. Saladin (1138-1193)
Illustre protagoniste de la reconquête de Jérusalem en 1187 après quatre-vingt-huit ans de domination croisée, ce grand souverain kurde est le héros de la guerre sainte conduite contre les Francs établis en Syrie-Palestine. De retour en Europe, les croisés eux-mêmes colportèrent l'image d'un prince qui eût été digne d'être chrétien ! Saddam Hussein, aujourd'hui Oussama Ben Laden se présentent volontiers comme les nouveaux Saladin.
16. Salafiya
Ou « réformisme ». Courant de pensée né à la fin du XIXe siècle qui se propose non de « réformer » l'islam au sens occidental mais de lui restituer sa « forme originelle ». Mouvement de retour aux sources, « à la tradition des ancêtres », la salafiya se propose d'enrayer le courant moderniste, fasciné par l'Occident, par un effort de régénération interne de l'islam. Il s'agit de se débarrasser de certaines pratiques « déviantes », comme le culte des saints ou la vénération des tombes, absents du Coran et de la sunna. Mais aussi de mettre fin à la sclérose de la pensée musulmane et à son fameux « fatalisme », que les réformistes attribuent au taqlid, « imitation » ou « acceptation des doctrines établies ». A cet esprit de soumission, ils préfèrent le recours à l'ijtihad, soit la possibilité d'adapter le droit aux conditions de vie moderne.
Semaine du 04 octobre 2001 -- N°1926 -- Dossier
http://www.nouvelobs.com/archives/nouvelobs_1926/dossier5.html
Les mots de l’islam
1. Chahid
2. Charia
3. Dar el-islam
4. Fatwa
5. Islam
6. Islamisme
7. Jihad
8. Moujahid
1. Chahîd (pluriel chouhada). Etymologiquement le mot signifie témoin,
ce qui implique d’avoir la connaissance directe. Pour les musulmans,
c’est le «témoin de la foi» et, par extension, le «martyr».
Dans le Coran, chahîd apparaît uniquement dans le sens de témoin
comme un des 99 attributs de Dieu (le 51è) ; la notion de martyr figure
indirectement dans le verset qui promet le Paradis à «Ceux qui
ont été tués dans le chemin de Dieu»(III-163). Le
terme est utilisé dans le sens de «martyr» dans les hadîth
et chez les fuqahâ. Il est en honneur chez les chiites qui l’appliquent à Ali,
gendre de Mahomet et quatrième calife, et à ses fils tués
par les sunnites. Depuis, ils y recourent souvent et, pendant la guerre Irak-Iran
(1980-1988), Khomeyni donnait le titre de chouhada aux volontaires iraniens
qui sautaient sur les mines pour permettre à l’armée d’avancer.
En Algérie, pays sunnite, ce titre est attribué aux combattants
tués pendant la guerre d’indépendance (1954-1962).
Depuis, les groupes sunnites comme les Gamaa islamiyya et les réseaux
terroristes comme ceux d’Al-Qaïda forment des kamikazes qui se font
sauter avec leur cible et sont qualifiés de chouhada. Leurs chefs expliquent
que ce sont des justiciers qui, tel le Samson de la Bible, détruisent
le Temple et meurent en même temps que les ennemis de Dieu. Pour eux, le
Temple c’est l’Occident arrogant qui exploite les pauvres et ils
se présentent comme les défenseurs des opprimés et des humiliés.
Néanmoins, l’attentat du 11 septembre a été condamné par
la Ligue arabe, l’oci et les principales autorités religieuses.
Le cheikh Mohamad Tantawi, grand imam de la mosquée Al-Azhar, au Caire,
la plus haute instance morale du sunnisme, l’a qualifié de «crime
condamnable par toutes les religions révélées». Le
cheikh Mohamad Hussein Fadlallah, islamiste chiite et chef spirituel du Hezbollah
libanais, a affirmé qu’il ne se confond pas avec le jihad classique
; il a dénié à ses auteurs le titre de chouhada et souligné qu’il
s’agit d’un vulgaire suicide, intihar, interdit par l’islam.
Le Jihad et le Hamas palestiniens établissent aussi une différence
et expliquent que leurs kamikazes luttent contre l’occupant israélien
condamné par plusieurs résolutions de l’onu.
2. Chari’a(2), ou «voie à suivre», définit
aussi la «Loi de l’islam», ensemble de prescriptions auxquelles
le musulman doit se soumettre dans les domaines de la religion, des relations
sociales et des questions juridiques. Elle est fondée sur trois éléments
:
- Le Coran, composé de 114 sourates ou chapitres et de 6226 versets (6211,
6216 ou 6236 selon d’autres lectures). C’est la parole de Dieu (Allah)
révélée en arabe par l’ange Gabriel, Jibril, au prophète
Mahomet, Mohammad en arabe.
- La sunna, ou «tradition du Prophète», est composée
de hadîth, «courts récits» rapportant ses paroles, ses
conseils, ses gestes, ses comportements en diverses circonstances, ses relations
avec les autres. Dans la multitude de hadîth recueillis, il y en avait
de faux qui avaient été forgés pour des raisons politiques
; c’est pourquoi les ulémas ont effectué un travail de recherche
afin de déterminer si les rapporteurs étaient fiables. Plusieurs
recueils ont été établis mais le plus consulté parce
que le plus fidèle est le çahih, l’Authentique(3), du Persan
El-Bokhâri (810-870).
- Le fiqh (d’une racine signifiant «connaître», «examiner»)
qui s’appliquait à l’origine à toute connaissance mais
qui a pris avec l’islam une valeur religieuse et désigne le Droit
musulman ; dans ce cas, il se distingue de ‘ilm ou «science».
Il a été élaboré par les fuqahâ (sing. fiqh), «jurisconsultes-théologiens» qui
interprètent la façon dont il convient d’appliquer la Loi.
Il arrive cependant que les fuqahâ se montrent plus rigoureux que le Coran.
Citons à titre d’exemple, l’adultère. À condition
qu’il soit attesté par quatre témoins qui ont vu, de leurs
yeux vu, le Coran édicte : «Frappez la débauchée et
le débauché de cent coups de fouet» (XXIV-2). Or, des fuqahâ ont
recommandé la lapidation pour la seule femme, comme dans la tradition
hébraïque. Ce châtiment est toujours appliqué en Arabie
saoudite et parfois en Iran. Signalons aussi que nombre de pays musulmans ont
adopté pour leur législation le droit moderne inspiré de
l’Europe. Néanmoins, l’Égypte a modifié sa Constitution,
sous le président Sadate, assassiné en 1981 par des islamistes,
pour préciser que «la Chari’a est une des sources du droit» ;
une réforme postérieure en fait «la principale source du
droit», alors que les partis et les mouvements fondamentalistes et islamistes
veulent qu’elle soit «l’unique source du droit». C’est
le cas notamment en Arabie saoudite, au Pakistan, depuis la dictature du général
Zia Ul Haq, en 1977, et, malgré la présence de chrétiens
et d’animistes, au Soudan et dans douze États du Nigeria.
3. Dar el-islam, le «territoire de l’islam», ou encore Dar
es-salam, le «territoire de la paix», est celui de la oumma, la «communauté des
musulmans». Il s’oppose au Dar el-kufr, «le territoire de
l’impiété» ou Dar el-harb, le «territoire de
la guerre», qui est celui des infidèles ; ce dernier devra être
gagné à la chari’a par la prédication ou par les
armes. Ce thème, fréquent chez les premiers conquérants,
a été repris par des contemporains comme le sunnite Hassan el-Banna,
fondateur, en 1928, de l’organisation des Frères musulmans d’Égypte,
matrice de la plupart des mouvements islamistes, ou l’ayatollah Khomeyni,
un chiite. Il inspire l’action de l’Arabie saoudite et de la Ligue
islamique mondiale qu’elle a instituée en 1961, et qui a des antennes
dans le monde entier. Réalistes, les juristes musulmans avaient également
défini Dar el-çolh, «le territoire de la trêve»,
qui peut obtenir la paix en payant tribut à Dar el-islam. Ils ont également
prévu que les relations entre ce dernier et Dar el-harb puissent être
régies par la daruriyya, «l’état de nécessité»,
dicté par la supériorité des infidèles et des impératifs économiques,
techniques ou sociaux.
Les réformateurs, partisans du dialogue des civilisations et de l’intégration
des musulmans dans les sociétés d’accueil des États
occidentaux, opposent à la théorie du Dar el-harb et aux appels
au jihad plusieurs versets du Coran dont ceux-ci : «Si Dieu l’avait
voulu, il aurait fait de vous une communauté unique» (V-48) et «Si
Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est afin que vous
vous connaissiez mutuellement» (XLIX-13).
4. Fatwa. Ce terme est généralement traduit dans les médias par «ordre», «décision» ou «décret». En réalité, chez les sunnites (90 % des musulmans) c’est un avis juridique non contraignant rendu par un fiqh à la suite d’une consultation. C’est donc une interprétation qui facilite, en principe, l’application de la Loi, chari’a. Chez les chiites (moins de 10 % des musulmans), elle peut avoir une valeur autoritative lorsqu’elle est prononcée par le Guide suprême, comme ce fut le cas de Khomeyni qui avait appelé au meurtre de Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques, accusé d’apostasie. Toutefois, à la suite d’un intense débat, les dirigeants iraniens qui voulaient sortir de leur isolement international ont finalement décidé que la mort de son auteur entrainaît l’abrogation de la fatwa. On constate cependant que les chefs des mouvements islamistes, sunnites dans leur très grande majorité, se dotent du titre d’émir, de l’arabe amr, «ordonner», «commander» (à l’origine, on appelait âmir ou émir les chefs des armées musulmanes) et prétendent donner à leurs fatâwi (pluriel de fatwa) un caractère impératif. C’est le cas, entre autres, des chefs du gia algérien, des talibans afghans et d’Oussama Ben Laden.
5. Islam signifie en arabe «soumission à Dieu» et a donné muslim (pl. muslimûn), «musulman(s)». En français l’usage veut qu’on utilise la minuscule pour la religion, comme pour christianisme, et la majuscule pour désigner l’espace musulman et sa civilisation ; les musulmans francophones écrivent Islam dans tous les cas. On a tendance en Europe à considérer l’Islam comme un tout monolithique, immuable dans le temps et statique dans l’espace. Or, il a connu des schismes, des périodes de grandeur et de déclin et, de la Mauritanie à l’Indonésie, de l’Afrique noire à l’Asie centrale, englobe des ethnies très différentes qui, tout en partageant la même foi, sont marquées par leurs cultures d’origine et ont conservé leurs spécificités.
6. Islamisme. Au XIXe siècle, par analogie avec judaïsme et christianisme, on disait islamisme plutôt qu’islam. Toutefois, depuis la victoire de Khomeyni en Iran, en 1979, islamisme désigne l’islam politique ou radical dont les partisans sont les islamistes. Ils ont d’ailleurs forgé le néologisme arabe islamiyoun pour affirmer leur militantisme et se distinguer des simples musulmans qui forment l’immense majorité et pratiquent leur foi paisiblement. Ils utilisent la religion pour tenter de s’emparer du pouvoir ; certains de leurs mouvements le font pacifiquement en exerçant des pressions sur les régimes en place, d’autres recourent à la violence voire au terrorisme comme les Gamaa islamiyya en Égypte ou le gia (Groupe islamique armé) en Algérie. En français on les qualifie aussi d’intégristes. Leur idéologie est encore plus radicale que celle des fondamentalistes, partisans, sur les plans religieux et politique, d’une stricte application de la chari’a ; c’est le cas des dirigeants d’Arabie saoudite (sunnites) et, en Iran (chiites), des opposants religieux au président Khatami. Il ne faut pas les confondre avec les traditionnalistes, conservateurs qui n’ont pas de projet politique mais cultivent la nostalgie du passé et sont plus préoccupés de préserver les moeurs et les rituels : respect de la hiérarchie, voile des femmes, virginité des jeunes filles, etc. Enfin, il y a les réformateurs, comme Mohamad Abdô au XIXe siècle, et les «nouveaux penseurs» au XXe, qui entendent «rouvrir la porte de l’ijtihad» (effort de recherche personnelle et d’interprétation) fermée au XIIe siècle par le calife Al-Qadir, afin de permettre au monde musulman d’entrer dans la modernité.
7. Jihad (on écrit aussi djihad), que les journalistes traduisent presque systématiquement par «guerre sainte». Il est vrai qu’ils y ont été incités, depuis les années 1970, par les proclamations belliqueuses de certains mouvements islamistes et tout récemment par les appels au jihad «contre les infidèles juifs et chrétiens» lancés par Ben Laden et le chef des talibans afghans, le mollah Omar. En arabe, jihad signifie «effort». Son sens premier, pour le musulman, est «effort ou lutte contre soi-même pour devenir meilleur». C’est par extension qu’il signifie «guerre sainte». Certaines dynasties, comme celle des Almohades (1147-1205) au Maghreb, ont prétendu en faire un sixième pilier ou obligation (après la profession de foi, la prière, l’aumône, le jeûne du mois de ramadan et le pèlerinage à La Mecque) mais ce n’est pas coranique. Cela étant, c’est un terme qu’utilisent de plus en plus les mouvements islamistes en invoquant la tradition. En effet, dès les premières conquêtes, s’est élaborée la théorie du Dar el islam que nous allons évoquer.
8. Moujahid ou moudjahid (pluriel moujahidin), veut dire «combattant(s)». En Algérie, il désigne ceux qui ont participé à la guerre de libération nationale. En Afghanistan, c’est le nom des membres de l’Alliance du Nord, hostile aux talibans (sing. taleb). Les islamistes donnent à ce terme une connotation religieuse : «combattant de la foi». Écrire, comme on le voit dans la presse, un moudjahidin est une erreur, il faut utiliser le singulier.
Confluences Méditerranée N°40 Hiver 2001-2002